La mobilité connectée désigne l’interaction de différents modes de transports, allant de la voiture aux transports publics en passant par le vélo et les trottinettes électriques, qui communiquent entre eux via des interfaces numériques. L’échange de données en temps réel permet de gérer plus efficacement les flux de trafic, de réduire les émissions et d’éviter les embouteillages.
Cette nouvelle forme de mobilité repose sur les systèmes de transport intelligents coopératifs ou C-ITS (Cooperative Intelligent Transport Systems) qui relient entre eux les véhicules, les infrastructures et les usagers de la route via une communication sans fil et des protocoles standardisés. Les informations relatives aux embouteillages, aux chantiers ou aux conditions météorologiques sont ainsi transmises directement.
Il existe trois niveaux de communication:
- V2V – Vehicle-to-Vehicle,
- V2I – Vehicle-to-Infrastructure,
- V2X – Vehicle-to-Everything (p. ex. également aux vélos et aux piétons).
Bases de la mise en réseau et des C-ITS
Sécurité et protection des données sont les conditions essentielles de la mobilité connectée. Les systèmes doivent non seulement fonctionner de manière efficace, mais aussi être protégés contre les cyberattaques et exploités conformément à la protection des données.
Points importants :
- Cybersécurité : authentification, communication chiffrée et identités numériques fiables (infrastructure à clé publique).
- Protection des données : limitation aux données strictement nécessaires, anonymisées autant que possible (p. ex. pseudonymisation des données de la course), transparence pour les utilisateurs.
- Privacy by design : la protection des données et la sécurité informatique sont d’emblée prises en considération (approche allant de la minimisation des données aux mises à jour logicielles sécurisées).
Projets pilotes pour la mobilité connectée
Les projets pilotes sont essentiels pour tester de nouvelles solutions en conditions réelles, avec un suivi scientifique et des avantages concrets pour le quotidien. Les données provenant de véhicules en déplacement (floating car data ou FCD) permettent de fournir des informations sur la situation du trafic.
Exemple de projets pilotes
Alerte embouteillage (Bâle 2021-2013) : l’évaluation de plus de 4000 trajets montre que la technologie visant à alerter les automobilistes de la présence de bouchons est en principe applicable, mais qu’il existe encore des obstacles d’ordre technique.
Informations sur les temps de parcours (en continu) : plusieurs projets ont consisté à enregistrer et traiter des temps de parcours actuels et comparables afin de faciliter le choix de l’itinéraire. À cette fin, de petits dispositifs (dongles) sont installés dans quelques véhicules et fournissent des données anonymisées sur la position, la vitesse et la conduite. Il est aussi possible de poser le long de la route des capteurs de signaux Bluetooth qui enregistrent, de manière anonymisée, simple et efficace, les schémas de déplacement, les temps de trajet et les flux de circulation. Les profils de déplacement ne sont ni enregistrés ni sauvegardés. L’idée est de mettre ainsi à disposition des informations sur le trafic routier pour faciliter le choix des itinéraires et d’optimiser la gestion du trafic.
Le dongle est un petit appareil informatique au moyen duquel on peut obtenir des informations sur les conditions de circulation. Dans le cadre des projets pilotes, des dongles ont été installés dans des véhicules pour enregistrer et transmettre des données. Ces dispositifs collectaient des informations sur la vitesse, la position (GPS), la conduite ou le statut du véhicule.
Des données anonymisées sur les déplacements et la circulation d’un nombre maximum de véhicules privés ont ainsi pu être obtenues notamment pour :
· analyser le flux de circulation,
· calculer les temps de parcours,
· détecter les extrémités des embouteillages,
· optimiser la gestion du trafic.
Le recours à ces dongles a l’avantage de permettre l’obtention des données nécessaires directement à partir du véhicule, indépendamment de la marque du véhicule et sans intégration complexe. Les données ainsi collectées ont été analysées et utilisées à des fins diverses dans la gestion du trafic ou pour des projets de recherche.
Dans le cadre d’un autre projet en cours, des données relatives au flux de circulation sont enregistrées et évaluées grâce à la détection anonymisée d’appareils Bluetooth. Des capteurs de signaux Bluetooth sont installés le long de tronçons d’autoroute.
En l’occurrence, on compte deux champs d’application futurs :
· Information sur le temps de parcours : les données collectées permettent de déterminer les temps de trajet actuels sur certains tronçons et de transmettre ces informations en temps réel aux usagers de la route.
· Analyse des flux de circulation : ces indications permettent d’identifier des schémas dans les habitudes de déplacement, tels que les heures de pointe, les itinéraires types ou la durée d’arrêt à certains endroits.
Fonctionnement :
1. Un véhicule ou une personne équipée d’un appareil Bluetooth activé passe devant un capteur Bluetooth.
2. Le capteur enregistre un identifiant anonymisé de l’appareil Bluetooth et l’heure.
3. Lorsque le même véhicule ou la même personne passe devant le détecteur suivant, le temps de trajet entre les deux points de mesure est calculé.
4. Les données sont agrégées pour établir des analyses du trafic et des projections de temps de parcours.
Les projets intégrant les FCD (floating car data) sont des éléments constitutifs de la mobilité connectée, car ils permettent de collecter et d’analyser les données de trafic en mode numérique et automatisé. Ces données constituent la base d’une gestion intelligente du trafic, avec optimisation des flux de circulation et amélioration des informations de parcours pour les usagers de la route.
Bases légales
L’échange de données entre les différents modes de transport requiert des bases légales fiables. Avec le projet de loi fédérale concernant l’infrastructure de données sur la mobilité (LIDMo), la Confédération souhaite créer pour la première fois un cadre juridique intersectoriel à partir de 2028.
Le Conseil fédéral souhaite mettre en place une infrastructure nationale de données sur la mobilité (IDM). L’IDM vise à simplifier l’échange supramodal de ces données à tous les échelons de l’État. La LIDMo prévoit la création d’une infrastructure nationale interopérable de données à partir de 2028. L’utilisation de l’IDM est facultative et la confiance est primordiale dans l’échange de données. C’est pourquoi l’infrastructure est soumise entre autres aux principes de la protection des données personnelles, de la neutralité, de l’ouverture et de la transparence.
En savoir plus: Données en réseau pour un système de mobilité efficient - OFT
L’OFROU est l’autorité responsable en Suisse de la directive et de ses règlements délégués. L’UE exige la mise à disposition de données numériques concernant la circulation par le biais de points d’accès nationaux (National Access Points ou NAP), dans un premier temps pour les autoroutes puis pour toutes les routes publiques. La Suisse n’est pas tenue de mettre en œuvre ce programme, mais l’OFROU participe activement à ce processus (NAPcore).
En savoir plus: Déploiement de systèmes de transport intelligents en Europe
La nouvelle loi sur la protection des données (LPD, en vigueur depuis 2023) protège la personnalité des personnes physiques et réglemente la transmission de données à l’étranger. Les détails sont réglés dans l’ordonnance sur la protection des données (OPDo) et l’ordonnance sur les certifications (OCPD).